lundi 23 mars 2009

Missing (double) you

George, tu vas me manquer un max.

Faut le dire, et sans hypocrisie aucune. Pas comme le professeur Shadoko, ce calomniateur en puissance, voudrait me le faire clamer haut et fort. Plutôt calmement et avec un peu de ce cynisme qui rend les mensonges un petit peu plus vrais.

C'est d'ailleurs lui, Shadoko, qui vient me chercher noise chez moi, quand je me trouve en charmante compagnie. Il s'incruste aisément et en profite pour analyser la topologie de mon sofa et de ce qui se trouve allongé dessus. Je laisse faire, je suis volontiers partageur. Il vient comme ça régulièrement me lancer des noix à la face, sous prétexte de faire avancer le schmilblick, pour me parler de George Bush. Vous le connaissez peut-être, le professeur Shadoko. Zouave de classe A. Il se fait des vieux os à Poly. Un putain de génie, pas du style qui «ira loin dans la vie, ce petit». J'aime le garder de mon bord de la fosse septique en prévision des temps ou ça va réellement schlinguer sa race. Aujourd'hui, il veut me faire dire du mal de Double Vé.

Le professeur Shadoko ne pense qu'à ça!



Alors que George, on devrait pour une fois te rendre hommage. Tu me débectes pas tant que ça parce qu'avec toi sont tombés les masques. Les masques de ceux qui se sont découverts admirateurs des oeuvres de Clinton, de Carter, de Kennedy (et bientôt, d'Obama) à l'aune de ton bilan peu reluisant. Mon vieux George, je ne veux pas qu'on se serve de ton triste legs pour porter des Clinton ou des Kennedy aux nues. Leur conférer le statut de sages, d'hommes de légende et te reléguer à celui d'idiot du village. Ils étaient aussi cons que toi, sinon plus (t'as fait Yale après tout) et aussi nuisibles.

On m'accuse de t'avoir copieusement insulté. Facile de cracher sur ta gueule rougeaude de vacher débile. Mais j'ai jamais oublié que t'étais qu'un numéro parmi d'autres sur la liste du top 50 des enculés de l'histoire.

D'ailleurs, on y pensant bien, je crois que je vais commencer à travailler à ta réhabilitation. Juste le temps que ça se tasse un peu. On voit que ça marche plutôt bien avec Nixon. Lui, jadis honni, détesté par l'humanité toute entière, voilà qu'on lui découvre tout à coup des qualités de génie politique. Lui, le paysan inculte, le maniaque de la manipulation, tricheur honteusement chopé le doigt dans le pot de confiture, mué en révolutionnaire des médias dans le Frost/Nixon de Ron Howard ou en génie politique dans le Nixon d'Oliver Stone. Le voici admiré pour avoir préféré démissionner plutôt que de révéler le contenu de ses cassettes.

La calomnie n'a plus de bornes



Les gens ont la mémoire courte. Exemple? Mon concierge, américain d'origine hawaïenne (véridique) se tient plus de joie de voir Obama à la maison blanche et George foutre le camp. Il est sympa mon concierge, autant que les cinq cent étudiants qui se sont réunis dans un amphi de l'UdeM pour fêter l'invetiture de Barack. Sympa malgré sa dentition sinistrée et son haleine pestilentielle. S'aventurer proche de sa bouche, c'est comme expérimenter la découverte d'un charnier à Srebreniça. Je sais de quoi je parle, moi qui ai fait la Yougoslavie sans dégainer une seule fois. Lui, il a pas fait la Yougoslavie, mais le Panama en 1989. Il s'est battu pour la démocratie et la liberté en Amérique Centrale, sous les ordres de George Bush, le père cette fois. Il évoque ses souvenirs avec fierté, nostalgie et, je ne suis jamais assez prudent, dix bon mètres de distance de bibi. Et moi ,je lui réponds: tsé, la démocratie qui envahit le Panama, qui élit Barack Obama et qui conspue W. Bush, elle se fera sans moi.

dimanche 8 mars 2009

Ma mère ne s'appelle pas Joplin

Le club 27, vous connaissez ? Probable que non. C'est une sorte de fantasmagorie des chanteurs influents du rock/blues décédés à l'âge de vingt sept ans. Et pas des deux de pique. Jim Morrison, Jimmy Hendrix et Janis Joplin entre autres. Ça vous dit rien ? J'avoue, vous n'étiez pas nés. Moi non plus d'ailleurs. Pour ma part, je n'en ai entendu parler que par la faute de l'autre plouc qui écrit sur la même page que moi. Lui, y dit que la musique, ça lui caresse les tympans. Ça le repose des âneries de ses collègues de cubicule. Ça le tranquillise les fois où il entend des contraltos éraillés émaner de la chambre à coucher de sa voisine de palier.


Janis Joplin ensorcelant la foule à Woodstock


Bref, tout ça pour dire que quand on tape frontalement la barrière des 28 ans comme je viens de m'y assommer, ça fait mal à la courge, le club 27. Le passage du quart de siècle n'était pas des plus réjouissants, mais 28 piges, quand j'écoute Hendrix jouer Little Wing, je me dis quelque part que j'ai raté ma vie. Pas un seul album enregistré. Pas une ligne de blanche. Zéro héro. Vous ne vous rendez pas compte ! Oui, j'ai bien eu quelques soirées de beuverie où j'appelais le 911 à minuit pour souhaiter la bonne année au mec de garde. Mais mes beuveries insolentes n'ont pas causé de procès pour outrage aux bonnes mœurs comme Morrison a pu m'y devancer. Le gars de garde, je lui ai simplement fait mes vœux. J'avais trop la chienne de lui conseiller de laisser courir les bandits, trop peur de lui dire que les flics sont des faux-culs, que j'étais avec sa femme ou que sa mère fricote avec les anarchistes du plateau. C'était juste pour faire marrer le zigoto qui pollue cette page avec moi et qui ce soir-là partageait avec moi une Saint Sylvestre en solitaires. Je voulais pas bouleverser le XXIe siècle, moi.


Jim Morrison, arrêté pour avoir fait des appels anonymes au 911.


Bouleverser le XXIe siècle... Oui, certains s'y sont risqués de haut vol, de manière fulgurante, à la fleur de l'âge comme on dit. Mohamed Atta par exemple. Mais est-ce vraiment un exemple ? Je vais pas attaquer la tour Ville-Marie en traîneau à chiens. Et puis fondamentalement, je ne suis pas fondamentaliste. D'accord, je suis pour que le Lys fleurisse, mais est-ce une raison pour choper la crève par le moins trente qu'on annonce ? Sans compter qu'il n'est pas dit que ça me porte au panthéon des grands de ce monde. D'autant que la barre est fichtrement haute. Difficile de laisser sa marque après le passage de Bush fils. Ces chroniques dantesques qui continuent à bouleverser la première décennie du XXIe siècle et à mettre sens dessus dessous le Moyen-Orient forcent l'humilité. Comme diraient mes amis scientifiques, ça définit le zéro. Sauf que bon, sacrée dichotomie: le zéro où nous baignons tous avec nos petits soucis de REER qui pique du nez versus l'inqualifiable horreur des 10,000 à 27,000 morts violentes annuelles en Irak depuis que les States y sont venus faire fleurir la démocratie. 

C'est pas pour dire, mais c'est plié pour laisser sa trace dans l'histoire. Ah si ! Y a peut-être Madame Clinton qui pourra y goûter, elle qui trouve décent de nous débiner ses insanités comme quoi Israël doit se protéger des roquettes du Hamas alors que les palestiniens comptent près de 1000 morts (dont 30% de femmes et enfants) depuis le début de l'offensive Plomb durci, contre 13 morts côté Israélien, dont 10 militaires... Il faut le faire !


Hilarious Clinton, quelle conne celle-là...


Laisser sa trace dans l'histoire, Madame Clinton va nous dégoter la palme avec sa résolution de ne pas dialoguer avec le Hamas (ce qui va contre la récente intervention de Barack) . J'imagine cependant que Hillary se permet de tels écarts sous prétexte que les Palestiniens n'ont pas encore reçu la démocratie. Minute que je vérifie... Ah tiens... Le Hamas a été élu démocratiquement. Quand même ! Autant pour moi.


Bref, le Club 27 et mes velléïtés d'y adhérer, finalement, je crois bien que je vais ranger ça au congélo. Ça presse pas à la minute, comme qui dirait.

samedi 7 mars 2009

Papa was a rollin’ stone


On vous aura parlé quelque part sur cette page du fameux club des 27, club composé d’une gang de camés et d’alcolos qui se prétendaient artistes. On vous aura même soufflé cette information mensongère comme quoi, moi, je serais fan de ce club. Information immédiatement démentie.

Jimi Hendrix découvrant l'existence de cordes sur une guitare.

Que nenni! Faux! Archi-faux! Quoi? Moi? Fan d'Hendrix! Un gratteux de guitare mineur, dont l'histoire n'aura retenu, du bout des pincettes, qu'une exécution ratée de l'hymne national américain. Tiens, la semaine passée, je sors du métro Jolicoeur. Y a un vieux type, la cinquantaine facile style robineux qui est posté devant l’entrée et qui joue une petite toune sur sa guitare contre une poignée de cennes noires. Vraiment magnifique. Les paroles, je m’en souviens un peu, un truc comme «fly on, little wing…». Alors Hendrix…

Morisson, tarlouze refoulée, tout le monde sait ça. La postérité le fait passer pour un rebelle parce qu’il a montré son kiki à une bande excitée d’ados boutonneux au festival des vieilles charrues. Joplin! Rappelez-vous ce moment sur Ball and Chain ou l'on doute définitivement que l'enregistrement n’ait été réalisé dans les gogues du studio tellement les gémissements de la bougresse portent à équivoque (ces trucs jammés par la violence, comme dirait Plume).

Bref, à 27 ans, c’est simple à piger, on ne fait que de la merde. Ne croyez jamais ceux qui vous racontent que passé le cap fatidique des 27 ans, plus rien n'est possible à part se marier, faire des enfants et s’acheter une maison sur la rive sud. Non, c’est dans la trentaine établie, la quarantaine et même plus, que tout devient possible. Qu’on marque son époque, qu’on rentre dans l’Histoire.


Jack l'éventreur a peaufiné son art chirurgical sa vie durant, jusqu'à l'apogée de son expertise d'éviscération où il était alors âgé de 36 ans

On raconte dans les milieux autorisés que Jack l’Éventreur a atteint le sommet de son art à l’âge de 36 ans (prochain multiple de 9 après 27, remarquez). Sens de la coupe unique, art exceptionnel de l’éviscération. Voilà un mec qui a révolutionné son domaine de pratique : la chirurgie de pointe. On n’a pas fait mieux depuis, même dans les salles d’opérations les plus high-tech de la côte Ouest des US of A. L’hôpital pour enfants Sainte-Justine ne s’y est pas trompé lorsqu’il fut décidé de rebaptiser son principal bloc opératoire, bloc «Jack the Ripper». Bravo.

Passons, dans un registre moins léger, a un autre qui a marqué l’Histoire du XXe siècle. Oui, Adolf! Qui devient chancelier à 45 ans, prochain multiple de 9 après 36 (remarquez, je triche peut-être d'un an, mais on va pas chipoter sur une approximation, un ingénieur ne se refait pas après-tout!). Et il ne l’a pas eu facile, le peintre raté.Faut-il rappeler que le contexte des années 40 était autrement plus hostile que l'époque flower-power du club des 27?


Hitler a été un grand looser jusqu'à son accession à la chancellerie à l'âge de 45 ans

Pour mémoire. En 39, l'ambiance n'est pas particulièrement aux réjouissances. Adolf décide d'interdire les beach partys et décrète que les participants à la parade gay n’auront le droit de défiler qu’en huis-clos et sous surveillance militaire. L'Europe a peur, la France se planque, on finit par se fâcher. Le Canada envoie en Normandie ses meilleurs bataillons de Drag-Queens mourir pour la liberté et la démocratie. On connaît la suite.

Ceux qui ont marqué l’histoire étaient vieux. Ils ont passé leur jeunesse à niaiser ou à se curer les trous de nez en ruminant leurs exploits futurs. Les exemples sont légions. Je n’en cite que deux afin de ne pas indisposer le paysan que je suis forcé de côtoyer sur cette page. D’ailleurs, je ne sais pas qui est ce gus. C’est pas vrai qu’on se connaît depuis 7 ans. C’est pas vrai qu’on a passé la Saint-Sylvestre ensemble. Moi, j’étais à Seattle. La ville d’un certain Kurt, mort à l’âge de...